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en attendant...
7 septembre 2010

15 juin

A 3h du matin, nous décidons de rentrer à la maison avec l'accord bien entendu du "sage-homme". Dilatée à 2 cm, le col n'a pas beaucoup évolué en 5h de temps. Le dernier examen m'a fait très mal et je perds un peu de sang. Au réveil, j'en perds encore, je pense tout de suite à l'examen de la veille. Ton papa part au travail (totalement crevé, espérons qu'il n'y ait pas trop de problèmes informatiques), Antoine est à l'école. Je passe la matinée en compagnie de Nina, elle repart chez elle vers 11h30. Aux alentours de midi, des contractions très douloureuses apparaissent, devenant hyper régulières. Manuel rentre à 12h30, nous déjeunons ensemble : spafon et bain ne changent rien, nous devons retourner à la maternité. Vers 13h30, nous sommes arrivés, cette fois-ci aucun doute le travail a bel et bien commencé. J'attends en salle de pré-travail, toutes les salles d'accouchement sont occupées. Votre père et moi nous retrouvons enfin après 3/4 d'heure de séparation. Parti se garer puis attendant en salle d'attente, personne n' avait été le chercher. Pourtant c'est pas ma faute de l'avoir réclamée mais toute l'équipe médicale semble occupée. Je perds du sang, on me dit que "c'est normal, le col travaille". Je souffre de plus en plus, mon col est dilaté seulement à 3. Je ne parviens pas à gérer la douleur qui augmente. Je ne comprends pas ce qui se passe. Mon premier accouchement a été si facile, j'ai géré la douleur jusqu'à la péridurale, avec un col dilaté à 7. Je demande donc une péridurale, je reçois une réponse négative, je dois attendre d'être en salle de travail. Je passe les heures les plus longues de ma vie. Le masque à oxygène me soulage à peine, je me shoote...Je ne parviens plus à me contrôler, je hurle de douleur et perds du sang par caillot. Je me sens mal. Manuel s'inquiète, on me suit à la trace (de sang)...Enfin, à 16h, je rentre en salle de travail en fauteuil roulant (impossible de marcher), je suis dilatée à 5. Contre toute-attente, on m'annonce que la péridurale ne sera pas envisageable, les anesthésistes sont débordées (beaucoup de césariennes en même temps). Je me résigne, je crie toujours et broie les doigts de votre papa se sentant inutile. Une sage-femme me dit que ça ne sert à rien de crier. Je ne comprends pas ce qui se passe, la douleur est insupportable. Finalement, on consent à m'administrer une dose de morphine. Cela parvient à me calmer (surtout les nerfs) mais la souffrance est belle et bien présente. La morphine et le gaz hilarant me shootent. Je refoule mes cries et mes larmes, je perds toujours du sang, on tente de me rassurer. Je me sens vidée, la fatigue me gagne. A 16h30, revirement de situation, deux anesthésistes (un homme et une femme) arrivent enfin !On m'installe rapidement, la péridurale est pratiquée. Je n'y crois plus. La femme me dit que maintenant je n'ai plus droit de me plaindre, est ce dit sur un ton humoristique? La douleur s'estompe, je retrouve mes esprits et revis. Je vois le bout du tunnel, mais c'est juste une accalmie avant la tempête. Ton pouls chute de plus en plus, tu es en souffrance. L'accouchement commence, on me dit de pousser, ce que je fais, de toutes mes forces mais rien ne se passe. Tu es trop fatiguée pour faire des efforts. Tous semblent totalement paniqués, ils sont blancs..L' obstétricienne de garde arrive paniquée, j'entends "il faut césariser d'urgence". Paniquée, je regarde ton père qui me fait signe de ne pas m'inquiéter, il ne peut pas m'accompagner et doit attendre dans une autre salle. Et en une seconde, je me suis retrouvée dans un épisode d'urgence, quelques personnes  tout en courant poussent mon lit à travers les couloirs et me voilà au beau milieu d'une salle d'opération. Je suis complètement anéantie, je ne comprends toujours pas comment nous avons pu en arriver là-bas. Je sens une tension et de l'angoisse dans les visages des personnes qui m'entourent. L'obstétricienne m'ausculte une dernière fois, je suis dilatée à 9,5 et elle m'opère à 17h07, heure précise de ta naissance. Te voilà enfin mon doux bébé !  Je te vois passer à travers la pièce, tu ne pleures pas. On t'emmène dans un autre pièce juxtaposée, une ouverture style "passe plat" me permet de voir ce qui se passe. Paniquée, je demande si tu vas bien. Personne me répond, des larmes coulent le long de mes joues, je pleure en silence.Les minutes me semblent des heures. J'aperçois ton père dans la salle d' à côté, j'entends tes cris, il me fait signe que tout va bien. Rassurée, mes nerfs se relâchent, j'essaie de me détendre et d'apprécier cet instant. Je veux te prendre dans mes bras et me jeter dans les bras de ton papa.  Je me sens faible, dans le brouillard, endolorie. Je ne pense qu'à nous 4, rien d'autre ne compte. Je demande à te voir, une sage-femme t'apporte tout près de moi, je te serre contre moi. Dès le premier regarde, je t'aime, tu es magnifique. L'anesthésiste (l'homme) me dit que tu es le plus beau bébé de la journée, je pense qu'il doit dire cela à toutes les mamans mais j'aime l'entendre. L'obstétricienne me parle, je me souviens de très peu de choses sauf "Madame Dupré, c'était moins une". Je continue de pleurer en silence, la pression redescend. Ce même anesthésiste essaie de me faire rire et de détendre l'atmosphère : "c'est rappé si vous comptiez faire du naturisme cet été !". Je rie, ces mots sont salvateurs et me rappellent les blagues de ton père. On m'explique que je dois rester une heure en salle de réveil, loin de mes hommes. Personne ne veut de moi, il y a eu tellement d'accouchement en même temps, que toutes les places sont prises, on me place dans une petite salle. C'est interminable, je me repose pas et ne pense qu'aux retrouvailles. On m'amène enfin dans une chambre, te voilà en peau à peau avec ton papa. Je suis si heureuse et apaisée. Il manque Antoine qui est chez Nina. Tu es une petit crevette mesurant 47 cm et pesant 2,7 kg.

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